Procùs d’intention - Biennale

Exposition
24.05.23 AU
21.10.23


Le Signe

Tous publics


Visite commentĂ©e 

les dimanches 11 juin, 25 juin, 9 juillet, 23 juillet, 6 août, 20 août et 3 septembre à 15h

Gratuit / Sans réservation / Tout public

L’exposition ProcĂšs d’intention montre un ensemble de propositions artistiques relevant du design graphique et d’écritures expĂ©rimentales et dissonantes ; des propositions artistiques, qui bousculent les sillons tracĂ©s par la biensĂ©ance, l’ordre et la statistique. Elles sont aussi de l’ordre de l’enquĂȘte, de l’exploration, de l’archĂ©ologie, de la rĂ©vĂ©lation, du politique, du social, de la recherche et du dĂ©veloppement.  

Le procĂšs d’intention est par dĂ©finition un jugement s’établissant moins sur les faits qu’une intentionnalitĂ© prĂȘtĂ©e. En cela il s’agit d’un sophisme visant Ă  porter discrĂ©dit sur un sujet. Il faut donc invalider avec pour seule nature d’argumentation assertions invĂ©rifiables, et soupçons.

L’exposition ProcĂšs d’intention traite de nouveaux outils, de nouvelles mĂ©thodes de production d’images, de nouveaux supports. Elle articule son corpus autour de trois soupçons formulĂ©s communĂ©ment Ă  l’adresse de la crĂ©ation graphique contemporaine. Ils sont relatifs Ă  la continuitĂ© ordonnĂ©e de l’histoire de l’art, puis des outils, matĂ©riaux et usages en rupture avec une tradition, et enfin Ă  la question de l’élitisme.

Le premier soupçon pourrait se rĂ©sumer Ă  la crainte d’une dĂ©construction d’une histoire de l’art et d’une continuitĂ© ordonnĂ©e. La construction de l’histoire de l’art est majoritairement ordonnĂ©e par un certain nombre de critĂšres visant Ă  empĂȘcher toute dĂ©cadence par peur d’un dĂ©classement de la supĂ©rioritĂ© culturelle de l’occident; peur d’une contamination racialisĂ©e. En quoi l’histoire du design graphique, sans parler de son historisation, serait-elle diffĂ©rente? Le texte “Neat history vs Messy History” de Martha Scotford, analyse finement les mĂ©canismes du pouvoir, du capitalisme et du patriarcat qui favorisent l’évacuation des pages de l’histoire des productions artistiques jugĂ©es mineures, mais surtout de celles et ceux qui les ont fait. L’ouvrage de Vanina Pinter “L’affiche a-t-elle un genre”, balayant la Belle Époque jusqu’à aujourd’hui, dĂ©voile comment ces “crieuses publiques” peuvent ĂȘtre les lieux d’un impensĂ©, et troubler les normes liĂ©es au genre” . 

Le second soupçon est de dĂ©naturer l’essence d’un art, soit par le sujet, soit par son traitement, soit pour l’usage d’un matĂ©riau qui romperait avec une tradition. Les dĂ©bats actuels sur l'intelligence artificielle (AI), la diffusion et la transaction par NFT, sont symptomatiques de transformations et ne sont que les rĂ©pliques Ă©ruptives d’une transformation d’un mĂ©dium. 

RĂ©pliques, car on pourra citer les querelles relatives Ă  l’apparition de la peinture Ă  l’huile en tube, la photographie, le cinĂ©ma parlant, et bien Ă©videment de la programmation informatique. On songera aux rĂ©ticences des amateurs l’art Ă  envisager la puissance poĂ©tique des piĂšces de l’algoriste Vera Molnar. Aussi, dans ce mĂȘme registre, les commentaires du livre d’or du MusĂ©e d’art moderne de Paris, Ă  l’occasion de l’exposition “Une esthĂ©tique programmĂ©e” de Manfred Mohr, tĂ©moignent de l’impossibilitĂ© pour certains qu’un matĂ©riau puisse agir pour l’art. 

Le dernier soupçon est celui de l’élitisme. Le monde de la culture est loin d’ĂȘtre Ă©pargnĂ© par les violences de toutes formes, internes et externes. L’accusation d'Ă©litisme est l’une des attaques les plus rĂ©currentes mais aussi des plus hypocrites qu’il soit Ă  l’endroit de la culture. 

Pourtant l’élitisme est en soi une expertise ; une expertise que nous dĂ©sirons partager avec tous nos publics.

On entendra pour disqualifier les propositions artistiques des designers graphiques, que l’on qualifiera d’illisible, qu’elles ne s’adressent pĂ©jorativement qu’à quelques sensibles, quelques illuminĂ©s, quelques personnes en situation de handicap, quelques intellectuels, quelques LGBTQIA+, quelques islamo-gauchistes, quelques fĂ©ministes, quelques bisounours, quelques minoritĂ©s, quelques syndicalistes, quelques gosses qui ne sauraient pas encore tenir un crayon mais qui pourraient dĂ©jĂ  mieux faire
 Pour notre part, on constate que mis bout Ă  bout, cette forme dite illisible s’adresse Ă  beaucoup de monde, dĂšs lors que l'on ne considĂšre pas son adresse comme une cible.