• exposition
  • Biennale 2023
  • Procès d'intention

  • du 24.05.2023
  • au 19.11.2023
  • commissariat
  • Jean-Michel Géridan
  • scénographie
  • Kévin Cadinot
  • Le Signe
  • Gratuit
  • ouvert à toutes et tous
  • Tous publics

L’exposition Procès d’intention montre un ensemble de propositions artistiques relevant du design graphique et d’écritures expérimentales et dissonantes ; des propositions artistiques, qui bousculent les sillons tracés par la bienséance, l’ordre et la statistique. Elles sont aussi de l’ordre de l’enquête, de l’exploration, de l’archéologie, de la révélation, du politique, du social, de la recherche et du développement.  

Le procès d’intention est par définition un jugement s’établissant moins sur les faits qu’une intentionnalité prêtée. En cela il s’agit d’un sophisme visant à porter discrédit sur un sujet. Il faut donc invalider avec pour seule nature d’argumentation assertions invérifiables, et soupçons.

L’exposition Procès d’intention traite de nouveaux outils, de nouvelles méthodes de production d’images, de nouveaux supports. Elle articule son corpus autour de trois soupçons formulés communément à l’adresse de la création graphique contemporaine. Ils sont relatifs à la continuité ordonnée de l’histoire de l’art, puis des outils, matériaux et usages en rupture avec une tradition, et enfin à la question de l’élitisme.

Le premier soupçon pourrait se résumer à la crainte d’une déconstruction d’une histoire de l’art et d’une continuité ordonnée. La construction de l’histoire de l’art est majoritairement ordonnée par un certain nombre de critères visant à empêcher toute décadence par peur d’un déclassement de la supériorité culturelle de l’occident; peur d’une contamination racialisée. En quoi l’histoire du design graphique, sans parler de son historisation, serait-elle différente ? Le texte “Neat history vs Messy History” de Martha Scotford, analyse finement les mécanismes du pouvoir, du capitalisme et du patriarcat qui favorisent l’évacuation des pages de l’histoire des productions artistiques jugées mineures, mais surtout de celles et ceux qui les ont fait. L’ouvrage de Vanina Pinter “L’affiche a-t-elle un genre”, balayant la Belle Époque jusqu’à aujourd’hui, dévoile comment ces “crieuses publiques” peuvent être les lieux d’un impensé, et troubler les normes liées au genre” . 

Le second soupçon est de dénaturer l’essence d’un art, soit par le sujet, soit par son traitement, soit pour l’usage d’un matériau qui romprait avec une tradition. Les débats actuels sur l'intelligence artificielle (AI), la diffusion et la transaction par NFT, sont symptomatiques de transformations et ne sont que les répliques éruptives d’une transformation d’un médium. 

Répliques, car on pourra citer les querelles relatives à l’apparition de la peinture à l’huile en tube, la photographie, le cinéma parlant, et bien évidement de la programmation informatique. On songera aux réticences des amateurs l’art à envisager la puissance poétique des pièces de l’algoriste Vera Molnar. Aussi, dans ce même registre, les commentaires du livre d’or du Musée d’art moderne de Paris, à l’occasion de l’exposition “Une esthétique programmée” de Manfred Mohr, témoignent de l’impossibilité pour certains qu’un matériau puisse agir pour l’art. 

Le dernier soupçon est celui de l’élitisme. Le monde de la culture est loin d’être épargné par les violences de toutes formes, internes et externes. L’accusation d'élitisme est l’une des attaques les plus récurrentes mais aussi des plus hypocrites qu’il soit à l’endroit de la culture. 

Pourtant l’élitisme est en soi une expertise ; une expertise que nous désirons partager avec tous nos publics.

On entendra pour disqualifier les propositions artistiques des designers graphiques, que l’on qualifiera d’illisible, qu’elles ne s’adressent péjorativement qu’à quelques sensibles, quelques illuminés, quelques personnes en situation de handicap, quelques intellectuels, quelques LGBTQIA+, quelques islamo-gauchistes, quelques féministes, quelques bisounours, quelques minorités, quelques syndicalistes, quelques gosses qui ne sauraient pas encore tenir un crayon mais qui pourraient déjà mieux faire… Pour notre part, on constate que mis bout à bout, cette forme dite illisible s’adresse à beaucoup de monde, dès lors que l'on ne considère pas son adresse comme une cible.

Visites commentées :

Les dimanches 11 juin, 25 juin, 9 juillet, 23 juillet, 6 août, 20 août et 3 septembre à 15h

Gratuit / Tous publics

Avec Suzy Chan Diane Boivin Karl Nawrot Olivier Lebrun E+K, Elise Gay et Kévin Donnot Ines Cox Jean-Noël Lafargue Guillaume Roux(coucou) Superscript2 Julien Gachadoat

fermer